Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
RCreation
RCreation
Archives
Newsletter
0 abonnés
18 avril 2011

Swarovski, le cristal bohème

 

 

 

 

Mr Swarovski, le cristal bohème

 

swarovski-daniel-swarovski

 

Ce n'est rien que du verre plombé. De la silice et du sodium ; on pourrait

presque dire du sable et un peu de sel. Derrière son nom de minéral

naturel, se cache une réalité chimique : le cristal se fabrique. Pourtant, il

y a dans ce verre un peu particulier une telle charge émotionnelle que c'est

plus d'alchimie dont il faudrait parler. Du jour où l'homme a réussi à

obtenir une pâte plus ou moins transparente à partir de matières opaques (il

y a quelque 3 500 ans), il n'a eu de cesse de la perfectionner, tendant

toujours vers plus de pureté et de brillance. Comme une quête de l'absolu.

À la fin du XIXe siècle, un nom

 

 

autrichien va cristalliser l'aboutissement de cette recherche : Daniel

Swarovski. En 1895, il installe son entreprise dans une usine textile

désaffectée du Tyrol. S'il a décidé de s'expatrier de sa Bohême natale,

qui jouissait pourtant d'une tradition verrière presque tricentenaire, c'est qu'il

avait eu une idée géniale et qu'il voulait l'éloigner au maximum de la

concurrence. «L'invention de ma machine de taille a rendu possible une

nouvelle méthode de fabrication, écrit-il dans ses Mémoires, et l'industrie

tout entière a pris un tour complètement nouveau : une révolution

inattendue. Pour le tailleur comme pour le bijoutier, l'invention a ouvert à

la création un vaste champ des possibles.»

Son procédé industriel de production a rendu la taille du cristal rapide et

précise. Une plus grande teneur en plomb, un factage particulier et un

apprêt d'argent ont permis une réelle limpidité. Si nous n'en saurons pas

plus, c'est que cent onze ans plus tard, le secret est toujours farouchement

gardé. Chaque artisan, chaque ouvrier et même chaque grand responsable

ne connaissent du procédé que la partie qui les concerne ; seuls les héritiers

en maitrisent l'intégralité. Il y a dans ce mystère entretenu depuis cinq

générations une auréole supplémentaire de magie : et si le cristal de

Swarovski était une pierre philosophale ?

 

 

Un destin lié à l'histoire de la mode

 

 

En 1880, Daniel Swarovski a 18 ans. Il travaille alors pour son père,

déjà artisan verrier, qui l'envoie à Paris, capitale de la mode. Sur place,

le jeune Autrichien découvre les possibilités infinies que la haute couture

offre au cristal taillé. Rebrodée sur une robe de soie, un bustier de lin ou

des gants de velours, la pierre, qui n'a de pierre que le nom, sublime le

textile pour l'habiller d'un peu de lumière. Car c'est l'époque où l'électricité

permet à l'homme d'imaginer des choses insensées : Edison vient d'inventer

une lampe à incandescence et Siémens, la dynamo. Daniel Swarovski, à

l'International Electric Exhibition de Vienne en 1883, réalise que la

lumière va entrer dans la vie des gens pour en changer, non seulement les

habitudes, mais aussi les gouts. Ainsi, une passion pour la transparence,

le brillant et la joaillerie blanche se développe dans toutes les sociétés

occidentales. Les découvertes des mines de diamants en Afrique du Sud

ne font que renforcer le phénomène. Toutes les conditions sont réunies

pour que le cristal et la mode évoluent en parallèle. Gabrielle Chanel,

qui déteste les vraies pierres, trouve dans la pâte de verre la plus belle

expression du bijou. Elsa Schiaparelli, pour une fois d'accord avec sa

grande rivale, fait même le déplacement jusqu'à Wattens pour visiter

l'usine et comprendre au mieux les possibilités d'exploitation pour ses

créations. De nouvelles techniques de taille géométrique ou de colorisation

multiplient l'offre. Le brodeur Lesage possède, aujourd'hui encore, un très

vaste éventail de pierres, témoin de ce qu'a pu être cette couture lumineuse

des années 1920. Si les tendances vont et viennent, il n'y a jamais eu pour

autant de désamour entre l'univers de la mode et le cristal. C'est qu'il en

est devenu un élément constitutif évoluant à son rythme. Quelques

exemples : en 1955, Manfred Swarovski (troisième génération) réalise

pour Christian Dior l'Aurore boréale, dont les couleurs aux reflets arc-

en-ciel sont vaporisées en couche superficielle par opposition à une teinte

dans la masse qui ne produit pas cet effet d'irisation. Dans les années

1970, les techniques de thermocollage sont élaborées, très prisées depuis pour

les textiles et même le papier. À l'occasion de l'ouverture de sa boutique

amirale sur les Champs-Élysées, Louis Vuitton les a utilisées pour

rehausser son Monogramme sur le carton d'invitation. Couture ou

causal, le cristal Swarovski est multi facettes, c'est là sans doute sa plus

grande réussite. En orchestrant son industrialisation, la marque a

démocratisé la verrerie, la rendant accessible à tous. Pour autant elle a su

garder une aura d'exception et brille dans toutes les sphères de la société :

glamour sur une robe longue, sensuelle sur un bustier, sexy sur un maillot,

décalée sur un jogging, fantaisie sur un tatouage de peau... Elle

représente en somme une mise en lumière des intentions de mode des

créateurs.

Consciente de ce statut, Nadja Swarovski, vice-présidente de la

communication internationale, donne régulièrement carte blanche à des

créateurs de mode et de design. On a pu admirer leur inventivité appliquée

au cristal lors du défilé Swarovski Flashions Rocks à Paris, en

janvier dernier.

 

 

 

Figurines et accessoires : les objets finis

 

 

Si la fabrication de cristaux taillés (pour la mode, la décoration, la

bijouterie fantaisie, les lustres...) est l'activité historique de Swarovski

, l'objet fini, lui n'arrivera que tardivement. Certes, la marque s'est depuis

longtemps diversifiée : une division d'optique fabrique des jumelles ou des

viseurs d'armes, une autre, des réflecteurs de lumière pour la signalisation

routière, une autre encore, des outils de meulage... mais il manquait le

dernier maillon de la chaine de production. Il arrive par le plus grand

des hasards en 1976. Employé à l'usine de Wattens, au département des

luminaires, Max Schreck s'amuse avec des pampilles de lustre, il les positionne entre elles et

glisse, dans le trou d'attache du cristal, de petites tiges de métal.

La première figurine est née, c'est une souris, elle sera la mascotte des Jeux olympiques qui ont

lieu la même année à Innsbruck, à

50 km de là. C'est le point de départ de toute une gamme : hérisson, tortue,

oie, poussin, pivert, inséparables, phoques, baleines, mais aussi poire, pêche,

ananas, voiture, bateau, cathédrale, harpe ou pièces de jeu d'échecs...

Jouant sur les facettes, l'opacité de certaines zones, les sertissages de perles ou

les coques en métal, le Silver Crystal Line a vu défiler quelque cinq cents

modèles, dont cent vingt sont encore au catalogue, les autres s'arrachant à

prix d'or entre les membres du Swarovski Crystal Society.

Le club de collectionneurs ouvert en 1987 compte aujourd'hui plus de 200

000 adhérents dans

une vingtaine de pays. Certains modèles leur sont proposés en exclusivité.

En 2006, pour fêter les trente ans du bestiaire, une nouvelle génération de

petites figurines

voit le jour. Agneau noir, chaton, veau ou chiot (dix en tout), les

Lovlots, plus que des

animaux, se veulent des personnalités. Ils portent tous un nom, racontent

une histoire et leur

regard de perles semblerait même expressif. Ils étaient présentés au

Lafayette Maison dans

le cadre de la sixième édition des Designer's Days, à Paris. À partir

d'octobre, les Lovlots

seront déclinés en bijouterie fantaisie façon charmes à accrocher sur un sac

ou un bracelet.

Les accessoires représentent la très large majorité des produits finis

Swarovski, bien plus que les

figurines, les objets de décoration ou ceux pour la table. Fleurs pavées,

pendentif cœur, ailes de

papillons multicolores ou sac aux motifs de pictogramme... Rosemarie Le

Gallas, directrice

artistique de la maison, imagine des collections organiques, végétales. Ces

inspirations, tel un

retour aux sources, synthétisent l'homme et son environnement. Car,

finalement, le cristal

Swarovski est un symbole de la révolution industrielle : il affirme la

prédominance de l'homme

sur la nature, la possibilité qu'il puisse un jour la recréer à satiété et telle

qu'il la voudrait.

 

 

 

 

 

DSCN4560

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
RCreation
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 14 811
Publicité